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8 septembre 2024

Brésil, Cameroun et Madagascar

Consortium Brésil, Cameroun et Madagascar : réflexion sur la propagation de la résistance aux antimicrobiens et aux biocides des eaux usées vers l'environnement

La pandémie de COVID-19 est apparue au cours d'une période où la résistance aux antimicrobiens (RAM), défi majeur pour la santé mondiale, générait beaucoup d'inquiétudes. Les mesures d'hygiène visant à prévenir la pandémie de COVID-19, associées à l'utilisation d'antimicrobiens, peuvent avoir un impact sur l'évolution de la résistance aux antimicrobiens. Les antimicrobiens et les biocides utilisés dans les hôpitaux et les collectivités pénètrent dans les stations d'épuration des eaux usées (STEU) et peuvent se retrouver dans les systèmes naturels, entraînant la pollution des écosystèmes aquatiques par des résidus et des bactéries résistantes aux antimicrobiens (ARB). Cela accroît la propagation de la RAM et provoque des risques indirects pour la santé humaine et animale.

Dans les pays à revenu faible ou intermédiaire comme le Cameroun et Madagascar, les eaux usées non traitées sont souvent déversées directement dans les rivières et les ruisseaux en raison du non-fonctionnement des stations d'épuration. Au Brésil, les STEU existantes n'éliminent pas complètement les antimicrobiens et les biocides, ce qui contribue à la propagation de la RAM dans les eaux de surface. Ces masses d'eau contaminées sont utilisées pour les activités de loisirs et l'irrigation, augmentant encore cette propagation. Dans les bidonvilles, l'absence de STEU entraîne une contamination directe des masses d'eau, ce qui aggrave le problème.

Les études sur la propagation de la RAM dans l'environnement, en particulier en Europe, en Asie et aux États-Unis, se sont principalement concentrées sur la caractérisation de la résistance dans des sites spécifiques, en tenant compte de la pression de sélection exercée par les antimicrobiens présents dans l'environnement. L'impact de la COVID-19 sur la persistance et la propagation de l'ARB n'est pas encore documenté.

Le consortium COV-AMR (Cameroun, Madagascar et Brésil) vise à évaluer l'impact de la pandémie de COVID-19 sur la propagation de la résistance aux antimicrobiens et aux biocides dans l'environnement. De janvier à juin 2022, des prélèvements mensuels d'eau ont été effectués dans des établissements de santé traitant des patients atteints de COVID-19 et dans des sites de contrôle afin de rechercher des bactéries multirésistantes, d'analyser les déterminants de la résistance et d'identifier les caractéristiques génétiques à l'aide du séquençage du génome entier. Les résidus d'antimicrobiens et de biocides ont été quantifiés par chromatographie liquide et spectrométrie de masse. Le microbiome de l'eau a été analysé à l'aide de la plateforme Ion Torrent et de l'outil QIIME2. La présence du SARS-CoV-2 a été étudiée par RT-qPCR.

L'étude a montré que pendant la pandémie de COVID-19, les effluents des hôpitaux et des zones urbaines au Cameroun, au Brésil et à Madagascar ont facilité la propagation de la RAM et de la résistance aux biocides dans l'environnement. Cette exposition risque d'entraîner l'acquisition de gènes de résistance par les bactéries indigènes et de confronter les populations à des infections difficiles à traiter. Les autorités doivent s'assurer que les stations d'épuration fonctionnent de manière à éliminer la flore microbienne et à neutraliser les résidus d'antimicrobiens. Les populations qui utilisent de l'eau contaminée doivent observer une hygiène stricte. Les gouvernements doivent appliquer les réglementations relatives à la gestion des eaux usées hospitalières et municipales, avec des évaluations et des rapports périodiques sur les résidus d'antimicrobiens et les déterminants de la résistance.

Les résultats de l'étude permettront de sensibiliser le public à la contamination aux résidus d'antimicrobiens et à la résistance aux antimicrobiens, et d'alerter sur la nécessité de protéger l'environnement et la santé.

Armelle Leslie Megueya, Ariane Nzouankeu, Centre Pasteur du Cameroun, Cameroon

Nazareno Scaccia, Joyce Vanessa da Silva Fonseca, Ester Cerdeira Sabino, Anderson Vicente de Paula, Maria Cássia Mendes-Correa, Silvia Figueiredo Costa, Institute of Tropical Medicine, University of São Paulo, Brazil

Tiavina Rasolofoarison, Luc Hervé Samison, Charles Merieux Center of Infectious Disease, Madagascar

Leonard de Vinci Kanda, Nilo José Coelho Duarte, Hospital das Clinicas HCFMUSP, University of São Paulo, Brazil Maria Tereza Pepe Razzolini, School of Public Health of University of São Paulo, Brazil

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